Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
D’UNE FEMME DU MONDE.

— Et qui épouses-tu, sans indiscrétion ?

— Indiscrétion ? T’es bête ! Oh ! laisse-moi te raconter comment s’est fait mon mariage ! C’est roulant !

— Dans le siècle des automobiles…

— De l’esprit ? Prends garde ! Il n’y a rien de tel pour vous endormir les méninges ! Donc, voici : La scène se passe au mois de novembre. Décor : de grands bois, des chiens qui donnent, des chevaux qui galopent, des habits rouges, quelques uniformes, tu as deviné : une chasse. On me présente un jeune homme très chic, le comte Roger de Clarance. J’ai tout de suite remarqué que sa bête était parfaite, très bien mise, et… superbement montée, oh ! mais là, superbement ! Je ne sais comment cela se fait, nous nous trouvons galoper toute la journée ensemble, seuls.

— Seuls ?

— Quand je dis seuls, j’étais bien pour ma part escortée de mon Mentor, mon vieil oncle de Saint-Fargès, mais il est sourd comme un pot, myope comme une taupe et toujours trop occupé à éviter les troncs d’arbre et les cailloux pour s’occuper d’autre chose. Naturellement, M. de Clarance et moi, nous cau-