Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
D'UNE FEMME DU MONDE

table catastrophe, le châtiment de Dieu. Toujours est-il que voilà l’affreuse réalité : Jacqueline n’est plus.

« Je lui pardonne de toute mon âme. Je prierai pour elle et suis bien convaincu, connaissant votre cœur, ma bonne Raymonde, que vous unirez vos prières aux miennes, pour le repos éternel de celle qui fut votre amie.

 « Roger de Clarance. »

Quel malheur ! Pauvre Jacqueline ! Elle que j’ai vue, voilà huit jours à peine, si gaie, si bien en vie !

Oui, je prierai pour toi. Est-ce ta faute, après tout, si tu fus ce que tu as été. La mauvaise éducation que tu avais reçue est, à mon sens, la seule cause de ton inconduite. Tu n’avais pas, gravés au fond du cœur, ces grands principes sans lesquels la vertu pour une femme est impraticable. Tu ne crus à rien, ni à la religion de Dieu, ni à la morale des hommes. Tu passas par la vie, frivole, insouciante, sceptique, railleuse, sans seulement t’apercevoir que les plis de ta robe se souillaient dans la boue du chemin. Tu avais eu le bonheur, que tu ne méritais pas, de ren-