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PRÉFACE.


Le lecteur ne trouvera pas dans cet ouvrage l’ordre qu’il y eût sans doute désiré, que nous eussions assurément souhaité d’y mettre ; il s’étonnerait de voir notre exposition revenir, à plusieurs reprises, sur ses pas, s’il n’obtenait tout d’abord l’explication de ces singulières démarches.

Avant d’entreprendre l’étude des origines de la Statique, nous avions lu les écrits, peu nombreux, qui traitent de l’histoire de cette science ; il nous avait été facile de reconnaître qu’ils étaient, la plupart du temps, bien sommaires et bien peu détaillés ; mais nous n’avions aucune raison de supposer qu’ils ne fussent pas exacts, au moins dans les grandes lignes. En reprenant donc l’étude des textes qu’ils mentionnaient, nous prevoyions qu’il nous faudrait ajouter ou modifier bien des détails, mais rien ne nous laissait soupçonner que l’ensemble même de l’histoire de la Statique pût être bouleversé par nos recherches.

Ces recherches nous avaient amené, de prime abord, à quelques remarques imprévues ; elles nous avaient prouvé que l’œuvre de Léonard de Vinci, si riche en idées mécaniques nouvelles, n’était point, comme on le supposait communément, demeurée inconnue des géomètres de la Renaissance ; qu’elle avait été exploitée par maint savant du XVIe siècle, en particulier par Cardan et par Benedetti ; qu’elle avait fourni à Cardan ses vues si profondes sur la puissance motrice des machines et sur l’impossibilité du mouvement perpétuel. Mais, à partir de Léonard et de Cardan jusquà Descartes et à Torricelli, nous avions pu suivre le développe-