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les problèmes de l’inscription maritime, de l’organisation des arsenaux, de l’armement et de la construction des navires passent ses moyens d’appréciation. Une autre différence avec l’armée de terre, c’est qu’ici la formule disciplinaire n’est susceptible d’aucune expérience osée, d’aucune modification sérieuse. La discipline à bord est à la fois plus paternelle et plus rude qu’au régiment ; elle se relâche d’elle-même et très volontiers, dès que le marin est à terre, et les rapports entre lui et ses officiers sont empreints d’une sorte de cordialité et de bonhomie qui sont le fruit des dangers courus ensemble dans l’isolement terrible et le redoutable tête-à-tête d’une poignée d’hommes avec l’Océan immense. À bord, il ne s’agit pas de plaisanter : il y va de la vie de chacun et les hommes seraient les premiers à rétablir l’obéissance passive si quelque fantaisie gouvernementale la réglementait dans un sens différent. Enfin, l’indépendance du commandement revêt un caractère unique : n’importe les perfectionnements scientifiques qui permettront dans l’avenir aux navires de communiquer entre eux et avec la terre, le commandant sera toujours à son bord « le seul maître après Dieu », comme dit une