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la chronique

la dispersion par le démarquage, de façon qu’il ne restât rien du long effort des peintres français. Holbein, Van Eyck, Albert Dürer, Jean Metsys, Wolgemut, Gérard de Haarlem, Memling, Ghirlandajo, Antonello de Messine, s’étaient partagés — souvent contre toute vraisemblance — leurs dépouilles. On connaissait de réputation Nicolas Froment, encore qu’on lui cherchât obstinément un berceau du côté des Flandres tandis qu’il était né à Uzès, mais on ne manquait pas d’attribuer à Van Eyck son Buisson ardent ; il fallut pour identifier cette remarquable peinture en retrouver au préalable la commande telle qu’elle fut faite en 1475 par le roi René qui désirait en décorer la cathédrale d’Aix. De même Jean Fouquet n’avait pas complètement sombré dans l’oubli ; néanmoins lorsqu’en 1838, Louis-Philippe se rendit acquéreur de son portrait de Charles vii, la critique impuissante classa le portrait sous la dénomination bizarre d’« ouvrage grec ». Quelques noms d’artistes surnageaient mais on songeait à eux comme à de médiocres imitateurs de l’art flamand et on ignorait leurs mérites propres.

La raison d’une pareille méconnaissance de toute une branche du génie national est double.