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le roman d’un rallié

veux, en cas de résistance de leur part, que de les plier à l’obéissance servile, à force de cosmétique et de coups de fer. Une fois prêt, il passa la revue de sa personne avec grand soin, pourchassant sur le drap quelques grains de poussière et s’assurant que son plastron gardait l’aspect immaculé qu’avait su lui donner le blanchisseur chinois. Il semblait très jeune ainsi, plus jeune que son âge, à cause de je ne sais quelle sveltesse qui s’affirmait dans le moindre de ses mouvements et que l’habit rendait plus perceptible. Assez grand, mince, souple, très brun avec la peau blanche, Étienne de Crussène n’avait pas l’air d’un Breton ni d’un Parisien. On pouvait, en le voyant, hésiter sur sa nationalité et encore plus sur sa nature, mais il devait attirer et intéresser par tout ce qu’on devinait en lui d’opposé et de contradictoire : entêtement fier et laisser-aller insouciant, douceurs féminines et goûts virils, rêveries poétiques et joies animales, hésitations et certitudes ; cela se résumait dans les yeux, des yeux bruns semés d’étincelles qui éclairaient les traits, légèrement irréguliers, d’un visage presque imberbe et deve-