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projets et espérances

surtout on est prisonnier ; les examens, les carrières, le service militaire forment une suite d’obligations dont on ne se libère pas sans peine ; il faut une énergique volonté, presque de l’entêtement pour écarter ces obligations et entre elles faire une place au voyage ; le principal est encore d’être bien convaincu de son utilité ; on le sera de plus en plus, je l’espère.

C’est ici le cas de dire un mot du voyage scolaire ; Topffer l’a rendu célèbre en décrivant spirituellement les « zigzags » qu’il faisait faire à ses élèves ; bien d’autres maîtres ont depuis lors exploité l’invention. Dernièrement, je rencontrais au pied du Trocadéro une vingtaine de petits Anglais coiffés de la toque universitaire et peu inquiets des rires que cet accoutrement soulevait sur leur passage. Une fois, l’hôtel où j’étais descendu à la Haye fut envahi par 15 Américaines armées de 15 water-proofs et de 15 valises ; on déplaça la table d’hôte et dans la grande salle à manger 15 paravents furent installés pour abriter le sommeil de cette pension transatlantique. La France envoie aussi des collégiens au dehors ; les expéditions d’Arcueil sont célèbres et le Club alpin a organisé des excursions montagnardes qui peuvent agir bien utilement, non pas que j’aie grande confiance dans « les leçons de physique, de géologie données en plein air, sous le ciel bleu, pendant les haltes », mais