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histoire des exercices sportifs

ment par des paroles significatives mais en présidant en personne au Vatican, dans la cour de Saint-Damase, des fêtes de gymnastique organisées par les patronages catholiques et auxquelles prirent part, en plus des Italiens, des gymnastes français, belges, canadiens et irlandais.

La résistance des milieux pédagogiques se fit sentir principalement sous deux formes. D’abord les partisans de la vieille discipline napoléonienne — nombreux dans tout l’occident — s’alarmèrent du régime de liberté dont l’organisation sportive arnoldienne impliquait l’introduction dans les lycées et collèges[1] ; ils y virent l’aube de l’anarchisme scolaire et la ruine de l’enseignement moral traditionnel ; heureusement ceux qui osèrent en faire l’expérience loyale ne tardèrent pas à découvrir que la pratique de cette liberté leur donnait sur leurs élèves une emprise moins serrée mais beaucoup plus efficace que le régime disciplinaire. Une seconde catégorie d’adversaires se groupa pour lutter contre le principe de l’émulation musculaire. « Ni concours ni championnats sinon surmenage et corruption. » Le quartier général de ceux-là était en Belgique[2] mais ils semblaient s’inspirer des théories intransigeantes qui régnèrent longtemps à l’Institut de

  1. Vers 1890 dans un grand Lycée de Paris, le maître répétiteur qui devait conduire les joueurs de football à un match contre un autre lycée s’étant trouvé souffrant, le capitaine de l’équipe alla trouver le proviseur et engagea sa parole d’honneur de veiller sur ses camarades. « Mon ami, répondit le proviseur, comment voulez-vous que j’accepte la parole d’honneur d’un élève ? » Cet incident synthétise une époque et une doctrine.
  2. Voir notamment les réunions tenues à Liège en 1912 et à Gand en 1913.