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souvenirs d’amérique et de grèce.

deux ans ont passé depuis lors et elle ne l’a pas repris.

Un pays qui ne connaît ni question religieuse, ni question dynastique, ni même deux manières d’envisager son avenir, devrait logiquement compter parmi les plus fortunés. Mais le gouvernement des démocraties modernes n’est point logique ; il est, par certains côtés, très artificiel et a des conséquences étrangement paradoxales. Faute d’idées et de faits pour l’alimenter, la politique grecque est devenue une question de personnes. L’opinion s’est émiettée en une foule de partis. Ajoutez à cela cette tendance à la complication qui est une des caractéristiques de l’âme athénienne, et vous comprendrez comment les problèmes les plus simples ont pu s’embrouiller. Par excès d’infortune, sous la poussée d’un radicalisme momentané, la Constitution votée en 1864 devançait l’éducation politique du pays ; elle ne créait point ce rouage modérateur dont nous avons pu, en France, apprécier le mérite, la Chambre haute. Je sais bien que le Sénat hellène de 1845 avait joué un rôle néfaste et contribué fortement à la chute du roi Othon, mais ce n’était pas un motif pour s’en passer tout à fait et laisser le souverain seul en face d’une Chambre unique.

Et puis, les hommes d’État qui se sont succédé en Grèce depuis cinquante ans, n’ont jamais cherché qu’une chose, à occidentaliser la Grèce.

L’occidentaliser, c’est-à-dire l’arracher à ce rêve