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la nouvelle-angleterre.

« dormitories » ; par les fenêtres ouvertes s’échappent des plaintes de pianos martyrisés et mes souvenirs s’envolent vers les « quadrangles » d’Oxford et de Cambridge ; comme la liberté est plus grande ici ! Quand viendra la nuit, des portiers revêches ne guetteront pas les retardataires et les lourdes grilles n’enfermeront pas les étudiants jusqu’à demain matin. Qui s’inquiète d’eux ? On ne les connaît guère ; à peine se connaissent-ils les uns les autres, de groupe à groupe.

Hier j’ai déjeuné dans un eating club ; les convives, peu nombreux, ne se ressemblaient pas ; il y en avait des blonds et des bruns, des secs et des ondoyants, des élégants et des débraillés ; l’un de mes voisins rêvait une existence de travail et d’agitation, l’autre de la paix, des grands arbres et un rocking chair ; autrement dit, le premier voulait monter des escaliers et le second flâner sur les paliers

Un de mes amis, sorti d’Harvard depuis deux ans déjà, m’a fait des révélations sur les sommes qu’il y a dépensées ; il appartenait à ce tout petit noyau d’aristocrates qui ne savent