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Page:Pierre de Fenin - Mémoires.djvu/56

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Après que ledict duc d’Orléans fut mort, il y eut grand desconfort des gens de son hostel, et menoient si grand dueil, que c’estoit pitié de les voir ; car ledict duc d’Orléans estoit horriblement navré en la teste et au visaige, et si avoit un poing couppé. Et avec luy y eut un sien valet de chambre, pour cuider sauver ledict duc. En cest estat ledict duc fut emporté de ses gens, et ne sçavoient que mescroire, fors qu’aucuns pensoient que ce eust faict le seigneur de Canni[1], pour ce que ledict duc luy avoit fortrait sa femme : et pour ceste cause haïssoit-on le sire de Canni de mortele haine ;

    grandes Chroniques de Saint-Denis (tome III, folio 148 vo), ce meurtre fut commis la veille de saint Denis, c’est-à-dire le 25 décembre ; ce qui est une erreur évidente. Berry (416) et l’anonyme de Saint-Denis (II, 624) le placent à la veille de saint Clément, c’est-à-dire au 22 novembre. La date que nous adoptons est celle qui est indiquée par les registres du parlement, et dans une sorte de manifeste contre le duc de Bourgogne, envoyé au roi Charles VI et aux principales villes du royaume, par les enfants du duc d’Orléans. Ce manifeste est rapporté par Juvénal des Ursins (209), et fort incomplètement par Monstrelet (II, 175).

    Peut-être ne sera-t-il pas inutile de signaler, par occasion, une erreur qui se trouve dans toutes les éditions des Chroniques de Monstrelet, une seule exceptée (celle d’Anthoine Vérard, de quarante-sept lignes à la page). On a imprimé dans le texte du manifeste en question, au mois de novembre, le quatorzième jour, au lieu de vingt-troisième. Cependant la véritable date se lit dans presque tous les manuscrits, en assez grand nombre, que nous avons consultés, et notamment dans celui de la Bibliothèque royale, no 83475.5. que M. Buchon a suivi, dit-il, après l’avoir comparé soigneusement à toutes les éditions.

  1. Aubert Le Flamenc, seigneur de Cany et de Varennes, chevalier, conseiller et chambellan du Roi. Mariette d’Enghien, sa femme, qu’il avoit épousée en 1389, eut de Louis, duc d’Orléans, un fils nommé Jean, dit le bâtard d’Orléans, comte de Dunois et de Longueville.