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CHAPITRE X.


CHAPITRE X.

LYRIQUES ÉOLIENS.


Terpandre. — Musique grecque. — Nomes de Terpandre. — Successeurs de Terpandre. — Alcée. — Odes politiques d'Alcée. — Autres odes d'Alcée. — Mètres lyriques d'Alcée. — Sappho. — Condition des femmes chez les Éoliens et les Doriens. — Rôle de Sappho à Lesbos. — Poésies de Sappho. — Érinna. — Arion.

Terpandre.


Les Lesbiens contaient que la tête et la lyre d’Orphée, jetées dans l’Hèbre par les Ménades, avaient été portées par le fleuve jusqu’à la mer, et par les vents jusque sur les côtes de l’île de Lesbos. Ils montraient à Antissa un tombeau renfermant, disaient-ils, ces précieuses reliques du chantre de Thrace. C’est au culte dont elles étaient l’objet qu’ils attribuaient non-seulement les heureuses facultés dont étaient doués leurs musiciens et leurs poëtes, mais même les charmes incomparables du chant des rossignols qui nichaient dans les bosquets de la contrée. Cette gracieuse légende avait son fondement, sans nul doute, dans les traditions domestiques de la nation. Les Éoliens de Lesbos étaient venus de l’ancienne Béotie, c’est-à-dire du pays des Muses et des aèdes piériens ou thraces. En apportant dans leur nouveau séjour les rudiments de la poésie, ils y avaient apporté aussi le respect de ces noms sacrés qui étaient comme le symbole des premiers efforts du génie poétique et de ses premières merveilles. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient rendu des honneurs particuliers à la mémoire d’Orphée, et qu’ils aient cru sentir revivre en eux-mêmes l’inspiration de l’antique aède. Ce n’est toutefois qu’au septième siècle avant notre ère, vers le temps de Callinus et de Tyrtée, que Lesbos commença à faire admirer à la Grèce les œuvres de la muse éolienne. C’est l’époque où vivait Ter-