Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
CHAPITRE XI.


CHAPITRE XI.

LYRIQUES DORIENS.


Alcman. — Originalité d'Alcman. — Chants choriques. — Mètres poétiques d'Alcman. — Tynnichus. — Stésichore. — Invention de l'épode. — Caractère impersonnel de la poésie de Stésichore. — Vie de Stésichore. — Ibycus. — Lasus. — Corinne. — Timocréon.

Alcman.


Alcman vivait à Sparte vers la fin du septième siècle et dans les premières années du sixième, comme on le conjecture d’après certains passages de ses poésies, où sont cités des noms suffisamment connus, et notamment d’après la mention qu’il fait des îles Pityuses. Ces îles, et en général toutes les contrées occidentales de la Méditerranée, n’ont commencé à être connues des Grecs que depuis les premiers voyages de découvertes entrepris par les Phocéens. Le temps où florissait Alcman était favorable à la culture de la musique et de la poésie chez les Doriens de Sparte. Ce peuple qui, même au milieu des angoisses d’une guerre désespérée, avait prêté une oreille attentive aux accents des chantres inspirés, jouissait d’une paix profonde, et n’avait autour de lui que des nations soumises ou des alliés complaisants.

Alcman, citoyen de Sparte, poëte dorien s’il en fût, et par les sentiments et par la langue, n’était pourtant pas né à Sparte et n’était pas même Grec d’origine. Il était né à Sardes en Lydie, et peut-être dans une condition servile. Transporté à Sparte fort jeune, il avait été l’esclave d’un Lacédémonien nommé Agésilas ; puis son maître l’avait affranchi, et ses talents lui avaient fait obtenir le droit de cité. Il était fier de sa nouvelle patrie ; il bénissait le sort qui l’avait transformé en fils de la Grèce : « Sardes, antique séjour de mes pères, si j’avais été élevé chez toi, aujourd’hui, prêtre de Cybèle, vêtu d’habits dorés, je ferais retentir les sacrés tambours. Au lieu