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CHAPITRE XIII. PINDARE.

vain dans les odes triomphales, et qui n’exclut ni les regrets mélancoliques, ni même une légère pointe d’ironie. On dirait qu’il se souvient d’Anacréon et de son sourire.



CHAPITRE XIV.

THÉOLOGIENS ET PHILOSOPHES POËTES.


École orphique. — Poëtes orphiques. — Philosophes poëtes. — Xénophane. — Parménide. — Empédocle. — Pythagore.

École orphique.


Les aèdes religieux de l’époque antéhomérique avaient eu des héritiers ; mais la poésie sacerdotale, dénuée de qualités éclatantes et presque de tout intérêt populaire, tomba, durant des siècles, dans une obscurité profonde, éclipsée par les splendeurs de l’épopée et de l’élégie. Il n’est pas douteux que la plupart des sanctuaires n’aient conservé leurs chantres particuliers, distincts du vulgaire des poëtes, et dépositaires des traditions antiques. Ces aèdes chantaient pour les initiés, partout où, à côté du culte public et officiel, il y avait un autre culte, secret et mystique. Mais la foule ou ignorait leurs œuvres, ou ne les comprenait pas, ou n’en faisait nulle estime au prix des poëmes d’Homère, d’Hésiode, de Callinus, de Tyrtée : elles restèrent à l’état latent, pour ainsi dire, et furent aux yeux des Grecs comme si elles n’étaient pas. Cependant, à l’époque où la philosophie naquit en Grèce, il existait des poëmes, plus ou moins importants, où étaient exposées, sous forme mythique, certaines conceptions cosmogoniques, théologiques et morales, différentes des idées qui avaient cours parmi le peuple, de celles dont Homère et après lui Hésiode avaient été jadis les harmonieux interprètes. Il y avait aussi, à la même époque, une école de poëtes mystiques, qui prenaient eux-mêmes le nom d’orphiques ou sectateurs d’Orphée, et qui prétendaient, à tort