l’art ou par leur ignorance ou par leurs mauvaises pratiques. Contre eux, et en général contre les hommes qui aiment les opinions paradoxales, Hippocrate ne dédaigne pas d’employer quelquefois l’ironie, sans préjudice des éclats d’une légitime indignation. Voici, par exemple, le début du traité de l’Art : « Il est des hommes qui se font un art de vilipender les arts. Qu’ils arrivent au résultat qu’ils s’imaginent, ce n’est pas ce que je dis ; mais ils font étalage de leur propre savoir. »
Le seul reproche qu’on puisse faire au style d’Hippocrate, c’est de pécher de temps en temps par excès de concision, ou plutôt par une sorte d’entassement de pensées, qui nuit à la clarté de la phrase. On comprendra ce que je veux dire, à la simple inspection du fameux aphorisme dont les premiers mots ont été tant de fois cités : « La vie est courte, l’art est long, l’occasion est prompte à s’échapper, l’empirisme est dangereux, le raisonnement est difficile. Il faut, non-seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore être secondé par le malade, par ceux qui l’assistent et par les choses extérieures[1]. » Au reste, pour la force de la diction, pour la vivacité et la grâce, le médecin de Cos n’a rien à envier à ceux-là même qui étaient le mieux doués, et qui ont eu le loisir de se mettre tout entiers dans leurs ouvrages.
CHAPITRE XVII.
ORIGINES DU THÉÂTRE GREC.
La tragédie avant Thespis.
C’est vers l’époque où Pisistrate préparait ses entreprises contre la liberté, que naquit dans Athènes cette poésie dra-
- ↑ Hippocrate, Aphorismes, 1re section, 1.