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CHAP. XXVIII. ORAT. DE LA FIN DU Ve SIÈCLE AV. J. C.

et la gracieuse simplicité. Ils durent marcher dans la voie qu’il avait le premier tracée d’une manière certaine ; et la langue qu’il leur livra possédait déjà les qualités les plus essentielles au digne instrument de la grande éloquence. Il fallut seulement nourrir davantage cette éloquence un peu maigre, et distribuer des nuances plus riches et plus éclatantes sur cette teinte douce et unie qui était répandue également partout. Denys d’Halicarnasse compare les œuvres de Lysias à ces peintures anciennes qui manquaient des ressources d’un art plus avancé, et n’offraient encore ni la variété des couleurs, ni les effets d’ombre et de lumière, ni la science des tons et de la perspective, mais charmaient cependant par la correction irréprochable du dessin et l’inimitable pureté des contours. Ou bien aussi elles lui rappellent le talent déjà fin et gracieux du sculpteur athénien Calamis, que devaient bientôt éclipser la souplesse plus savante et la majesté plus hardie de Phidias. » Il n’y a, ce me semble, aucune contradiction entre ce qu’on vient de lire et ce qu’on a lu plus haut. En tout cas, c’est pour moi une véritable bonne fortune de pouvoir offrir au lecteur cette page à la fois solide et intéressante.



CHAPITRE XXIX.

XÉNOPHON.


Vie de Xénophon. — Xénophon écrivain. — Ouvrages de Xénophon. — Traités philosophiques, dialogues, etc. — Compositions historiques. — Éloquence de Xénophon.

Vie de Xénophon.


Nous venons de parler d’hommes sur lesquels Socrate avait exercé une influence plus ou moins directe : en voici un qui fut son disciple dévoué, son panégyriste, et qui dut à Socrate d’être un brave, un philosophe, un esprit ouvert à toutes les connaissances, un écrivain sérieux, utile, exempt de tous les défauts que prisait alors le vulgaire, sinon doué