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CHAPITRE XXXIII.


CHAPITRE XXXIII.

ESCHINE. DÉMOSTHÈNE.


Vie d’Eschine. — Procès de la Couronne. — Éloquence d’Eschine. — Vie de Démosthène. — Discours de Démosthène. — Mort de Démosthène ; honneurs rendus à sa mémoire. — Éloquence de Démosthène. — Discours pour Ctésiphon. — Style de Démosthène. — Ironie de Démosthène. — Sublime de Démosthène. — Éloquence politique après Démosthène et Eschine.

Vie d’Eschine.


Eschine, le plus fameux de tous les rivaux de Démosthène, était né à Cothoce en Attique, l’an 393, d’un pauvre maître d’école et d’une joueuse de tympanon. Il fut d’abord athlète, puis comédien ambulant, puis greffier ou secrétaire d’un magistrat. Enfin, à quarante ans environ, il se hasarda dans la carrière politique, et il devint en peu de temps un des principaux personnages d’Athènes. C’était un homme d’une belle prestance, et doué d’une voix sonore et harmonieuse. Il avait l’esprit très-cultivé, très-fin et même très-délié ; et sa pauvreté ne l’avait pas empêché, durant sa jeunesse, d’aller entendre les leçons de Platon et d’Isocrate. Eschine fut un philippiste modéré, et, quoi qu’en ait dit Démosthène, un des chefs les plus honnêtes du parti macédonien. Je ne veux pas dire qu’Eschine ait toujours été un modèle de vertu, et qu’il n’ait jamais accepté aucun présent de Philippe ; mais tout semble prouver que, s’il fut un homme passionné, violent, injuste même, il ne mérite pourtant pas les titres de mauvais citoyen, de traître, d’âme vénale, que lui a tant prodigués son ennemi.

Les premiers coups furent portés par Démosthène, au retour de cette ambassade en Macédoine dont ils étaient l’un et l’autre, mais d’où ils revenaient avec des sentiments bien opposés : Démosthène, ouvertement déclaré pour la guerre contre Philippe ; Eschine, au contraire, tout disposé à traiter pacifiquement avec le Macédonien. Timarque, un des amis