Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
461
COMÉDIE NOUVELLE.

aimée, quelquefois indigne de l’être, mais, souvent aussi, respectable dans la misère et animée de sentiments nobles et élevés. Le génie des poëtes variait à l’infini les nuances dans ces caractères, et combinait ces caractères entre eux dans des proportions diversifiées elles-mêmes à l’infini ; et le théâtre latin prouve qu’il n’est pas besoin, pour différer parfaitement de soi-même ou des autres, d’imaginer des aventures nouvelles, des fables extraordinaires, des caractères inouïs. Mais les originaux des comédies de Plaute et de Térence étaient écrits par des hommes qui avaient observé la nature et qui savaient la peindre, par de grands moralistes et de grands poëtes.

Il nous reste un assez bon nombre de vers de Ménandre et de Philémon. Ce sont, pour la plupart, des sentences morales, des traits d’esprit et des proverbes. C’est dire assez qu’il est impossible de restituer, avec de pareils débris, aucune des scènes de leur théâtre. Les morceaux les plus longs sont encore extrêmement courts ; et les auteurs qui les citent ont songé à nous faire admirer de belles pensées, beaucoup plus qu’à nous donner l’intelligence du mérite dramatique des poëtes qui les leur ont fournies. Il y a une exception. Aulu-Gelle a consacré tout un chapitre des Nuits attiques à la comparaison de Ménandre et de Cécilius. C’est une excellente étude sur le style de Ménandre ; mais ce n’est pas encore tout ce que voudrait notre curiosité. On trouvera cette précieuse dissertation reproduite tout entière dans mon Histoire de la Littérature romaine, à l’article Cécilius. C’est ce que les anciens nous ont laissé de plus satisfaisant sur Ménandre ; car nous ne possédons plus que d’informes extraits de l’opuscule où Plutarque avait comparé Ménandre avec Aristophane. Pour revenir aux fragments de Ménandre et de Philémon, si les deux poëtes n’y sont que tout mutilés, ils y sont pourtant ; on du moins ils y sont assez pour nous forcer à reconnaître et à saluer deux grands écrivains et deux grands génies.


Ménandre.


Ménandre était un disciple de Théophraste ; mais il pen-