Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
541
LUCIEN.

ce n’est pas la soif qui eût dû châtier Tantale, ni la roue tournante Ixion, ni le rocher Sisyphe, dans les demeures de Pluton : il fallait simplement que tous les scélérats fussent enchaînés de tes douleurs qui torturent les membres. Comme mon triste et pauvre corps, du bout des doigts à la plante des pieds, est pénétré d’un suc vicié, d’une bile amère ! Comme il est là exhalant avec effort, de sa poitrine oppressée, ce faible souffle, et brûlé intérieurement de continuelles souffrances ! Le mal enflammé s’élance du fond de mes entrailles, ravageant ma chair de ses ardents tourbillons. On dirait le cratère de l’Etna vomissant ses feux. » Tout le petit drame est sur ce ton tragi-comique ; et, quand le Goutteux s’adresse au bâton dont il ne peut pas même se servir ; surtout quand il est réduit à confesser, devant la Goutte, l’inanité des remèdes, et à implorer la pitié de celle qu’il a d’abord maudite, ses accents sont plus pathétiques encore, c’est-à-dire plus plaisants.



CHAPITRE XLVI.

AUTRES ÉCRIVAINS DU SIÈCLE DES ANTONINS.


Hérode Atticus. — Élius Aristide. — Hermogène. — Iamblique le romancier. — Maxime de Tyr. — Sextus Empiricus. — Appien, etc.

Hérode Atticus.


Un grand nombre de sophistes eurent, en ce siècle, le renom d’orateurs excellents ou d’écrivains de génie. Tel fut, par exemple, Tibérius Claudius Atticus Hérodès, autrement dit Hérode Atticus. Il était né à Marathon en Attique, dans les premières années du deuxième siècle. Son père lui avait laissé une immense fortune, dont il fit un noble usage. Antonin le Pieux le choisit pour précepteur de ses deux fils adoptifs, Lucius Vérus et Marc-Aurèle. Il fut élevé, en 143, à la dignité de consul, et il fut chargé du gouvernement d’une partie de l’Asie et de la Grèce. Il embellit Athènes de magni-