Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/152

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se repand comme un bruit de ville qu’où n’approfondit point.

On fait même des associations pour ces sortes de manœuvres ; c’est ce qu’on appelle une cabale.

On entreprend de dessein formé de faire une réputation, et l’on en vient à bout.

Quelque brillante que soit une telle réputation, il n’y a quelquefois que celui qui en est le sujet qui en soit la dupe. Ceux qui l’ont créée savent à quoi s’en tenir, quoiqu’il y en ait aussi qui finissent par respecter leur propre ouvrage.

D’autres, frappés du contraste de la personne et de sa réputation, ne trouvant rien qui justifie l’opinion publique, n’osent manifester leur sentiment propre. Ils acquiescent au préjugé, par timidité, complaisance ou intérêt ; de sorte qu’il n’est pas rare d’entendre quantité de gens répéter le même propos, qu’ils désavouent tous intérieurement. La plupart des hommes n’osent ni blâmer ni louer seuls, et ne sont pas moins timides pour protéger que pour attaquer ; il y en a peu qui aient le courage de se passer de partisans ou de complices, je ne dis pas pour manifester leur sentiment, mais pour y persister ; ils tâchent de s’y affermir eux-mêmes en le suggérant à d’autres, sinon ils l’abandonnent.

Quoi qu’il en soit, les réputations usurpées