Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/189

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Il résulte de ce que j’ai dit, que les gens d’esprit de la cour, quand ils ont les qualités du cœur, sont les hommes dont le commerce est le plus aimable ; mais de telles sociétés sont rares. Le jeu sert à soulager les gens du monde du pénible fardeau de leur existence ; et les talens qu’ils appellent quelquefois à leur secours en cherchant le plaisir, prouvent le vide de leur âme, et ne le remplissent pas. Ces remèdes sont inutiles à ceux que le goût, la confiance et la liberté réunissent.

Les gens du monde seroient sans doute fort surpris qu’on leur préférât souvent certaines sociétés bourgeoises, où l’on trouve, sinon un plaisir délicat, du moins une joie contagieuse, souvent un peu de rudesse, mais on est trop heureux qu’il ne s’y glisse pas une demi-connoissance du monde, qui ne seroit qu’un ridicule de plus : encore ne se feroit-il pas sentir à ceux qui l’auroient ; ils ont le bonheur de ne connoître de ridicule que ce qui blesse la raison ou les mœurs.

À l’égard des sociétés, si l’on veut faire abstraction de quelques différences d’expressions, on trouvera que la classe générale des gens du monde et la bourgeoisie opulente se ressemblent plus au fond qu’on ne le suppose. Ce sont les mêmes tracasseries, le même vide, les mêmes