Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/203

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vail et d’utilité ; sans quoi ils deviennent scandaleux.

On ne doit s’élever que contre la vexation ou l’insolence de ceux qui abusent, et les punir avec éclat et sévérité. C’est ainsi que dans toutes les conditions, quelqu’élevées qu’elles fussent, on devroit immoler à la vengeance publique ceux qui font haïr l’autorité par l’abus qu’ils en font, et qui, en rendant les hommes malheureux par leurs excès, les corrompent par leurs exemples.

Il faut convenir que c’est moins à leurs vexations qu’à l’insolence de quelques-uns d’entre eux, que les financiers doivent rapporter le décri où ils sont. Croit-on que cela dépende des injustices qui seront tombées sur des gens obscurs dont les plaintes sont étouffées, les malheurs ignorés, et qui ne seroient pas protégés par ceux qui crient vaguement à l’injustice, quand ils en seroient connus ? Dans les déclamations contre la finance, ce n’est ni la générosité ni la justice qui réclament, quoiqu’elles en eussent souvent le droit et l’occasion ; c’est l’envie qui poursuit le faste.

Voilà ce qui devroit inspirer aux gens riches, et qui n’étoient pas nés pour l’être, une modestie raisonnée. Ils ne sentent pas assez combien ceux qui pourroient avoir mérité leur fortune