Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/233

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brageux dans ceux dont ce n’est pas la profession, que dans les vrais auteurs, parce qu’on est plus humilié d’être au-dessous de ses présentions que de ses devoirs. C’est en vain qu’ils affichent l’indifférence, ils ne trompent personne. L’indifférence est la seule disposition de l’âme qui doive être ignorée de celui qui l’éprouve ; elle n’existe plus dès qu’on l’annonce.

Il n’y a point d’ouvrages qui ne demandent du travail ; les plus mauvais ont souvent le plus coûté, et l’on ne se donne point de peine sans objet. On n’en a point, dit-on, d’autre que son amusement : dans ce cas-là il ne faut point faire imprimer ; il ne faut pas même lire à ses amis, puisque c’est vouloir les consulter ou les amuser. On ne consulte point sur les choses qui n’intéressent pas, et l’on ne prétend pas amuser avec celles qu’on n’estime point. Cette prétendue indifférence est donc toujours fausse ; il n’y a qu’un intérêt très-sensible qui fasse jouer l’indifférence. C’est une précaution en cas de mauvais succès, ou l’ostentation d’un droit qu’on voudroit établir pour décidé.

On n’a jamais tant donné de ridicule au bel esprit, que depuis qu’on en est infatué. Cependant la faiblesse sur ce sujet est telle, que ceux qui pourroient tirer leur gloire d’ailleurs, se repaissent sur le bel-esprit d’éloges dont ils recon-