Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/289

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de conviction ; il en résulte tout au plus une excuse, rarement une justification.

Tel homme qui, par une prudence honnête, se tait sur ses sujets de plaintes, se trouveroit heureux d’être forcé de se justifier : souvent d’accusé il deviendroit accusateur, et confondroit son tyran. Le silence ne seroit plus alors qu’une insensibilité méprisable. Une défense ferme et décente contre un reproche injuste d’ingratitude, est un devoir aussi sacré que la reconnoissance pour un bienfait.

Il faut cependant avouer qu’il est toujours malheureux de se trouver dans de telles circonstances ; la plus cruelle situation est d’avoir à se plaindre de ceux à qui l’on doit.

Mais on n’est pas obligé à la même réserve à l’égard des faux bienfaiteurs ; j’entends de ces prétendus protecteurs qui, pour en usurper le titre, se prévalent de leur rang. Sans bienfaisance, peut-être sans crédit, sans avoir rendu service, ils cherchent, à force d’ostentation, à se faire des cliens qui leur sont quelquefois utiles, et ne leur sont jamais à charge. Un orgueil naïf leur fait croire qu’une liaison avec eux est un bienfait de leur part. Si l’on est obligé par honneur et par raison de renoncer à leur commerce, ils crient à l’ingratitude, pour en éviter le reproche. Il est vrai qu’il y a des services de