Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On lui reprochait de ne point remplir avec assez de dignité les fonctions de secrétaire perpétuel dans les assemblées publiques de l’académie ; en un mot, de se mettre trop à son aise. Il paroît au moins certain qu’il s’y mettoit beaucoup dans les assemblées particulières. Il lui arrivoit quelquefois d’y laisser échapper d’assez gros jurons. Monsieur, lui dit un jour l’abbé du Resnel, sachez qu’on ne doit prononcer dans l’académie que des mots qui se trouvent dans le dictionnaire.

Ce dictionnaire, toujours critiqué et toujours suivi, fut l’objet des soins constans et particuliers de Duclos. Il tint la plume pour l’édition de 1762, et contribua plus que personne à son amélioration par ses connoissances grammaticales, et son talent pour la définition juste, claire et précise. Ce fut lui qui fit substituer aux insipides lieux communs de morale proposés jusqu’alors pour sujets du prix d’éloquence, les éloges des grands hommes de la nation, et qui par conséquent nous valut les discours éloquens, ingénieux ou littéraires de MM. Thomas, Chamfort, Laharpe et quelques autres. L’académie des inscriptions et belles-lettres lui dut aussi une réforme, celle des approbations que des commissaires pris dans son sein donnoient aux ouvrages de ses membres. Ces approbations se rédigeoient au gré des commissaires et dans des termes plus ou moins louangeurs, selon le degré de liaison qui existoit entre les examinateurs et les auteurs examinés. Sur la proposition de Duclos, elles furent réduites à une formule uniforme et invariable, qui prévenoit à la fois l’inconvénient de trop louer un ouvrage médiocre, et celui de mécontenter un auteur qui se trouvoit moins loué que les autres[1].

Cette activité vigilante, ce zèle ardent pour la gloire, et les intérêts des deux académies, et particulièrement de l’académie françoise, firent accuser Duclos de se mêler de trop de choses, et d’aimer trop à paroître. C’est un petit ri-

    sollicitant Duclos pour être de l’académie, lui faisoit entendre qu’étant atteint d’une maladie qui le minoit, il laisseroit bientôt la place vacante ; à quoi Duclos répondit : Ce n’est point à l’académie à donner l’extrême-onction.

  1. Duclos donna dans l’académie des inscriptions un exemple de rare désintéressement. Il renonça à la pension où il étoit près d’arriver, et passa à la vétérance.