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CHAPITRE II.

Sur l’Éducation et sur les Préjugés.


On trouve parmi nous beaucoup d’instruction et peu d’éducation. On y forme des savans, des artistes de toute espèce ; chaque partie des lettres, des sciences et des arts y est cultivée avec succès, par des méthodes plus ou moins convenables. Mais on ne s’est pas encore avisé de former des hommes, c’est-à-dire, de les élever respectivement les uns pour les autres, de faire porter sur une base d’éducation générale toutes les instructions particulières, de façon qu’ils fussent accoutumés à chercher leurs avantages personnels dans le plan du bien général, et que, dans quelque profession que ce fût, ils commençassent par être patriotes.

Nous avons tous dans le cœur des germes de vertus et de vices ; il s’agit d’étouffer les uns et de développer les autres. Toutes les facultés de l’âme se réduisent à sentir et penser : nos plaisirs consistent à aimer et connoître ; il ne faudroit donc que régler et exercer ces dispositions, pour rendre les hommes utiles et heureux par le bien qu’ils feroient et qu’ils prouveroient eux-mê-