Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/197

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Comme notre mariage n’avoit besoin d’autres préparatifs que de notre consentement, il fut bientôt conclu. Ce n’étoit plus les plaisirs de l’amour que nous cherchions ; un sentiment plus tendre régnoit dans mon cœur. J’étois charmé de m’être assuré pour toujours la possession de tout ce que j’avois de plus cher au monde, et d’être sûr de passer ma vie auprès de madame de Selve, en qui je trouvois les mêmes désirs. Le monde, bien loin d’être nécessaire à notre bonheur, ne pouvoit que nous être importun. Je proposai à madame de Selve d’aller passer quelque temps dans mes terres. Elle l’accepta avec empressement. Elle me dit que partout elle ne désiroit que moi, et que les lieux où elle en jouiroit le plus tranquillement lui seroient toujours préférables. Il y a un an que nous avons quitté Paris, et nous n’y sommes pas rappelés par le moindre désir. Eh ! qu’y ferions-nous ? le monde est inutile à notre bonheur, et ne feroit que nous trouver ridicules. Nous sommes de plus en plus charmés de notre solitude. Je trouve l’univers entier avec ma femme, qui est mon amie. Elle est tout pour mon cœur, et ne désire pas autre chose que de passer sa vie avec moi. Nous vivons, nous sentons, nous pensons ensemble.

Nous jouissons de cette union des cœurs, qui est le fruit et le principe de la vertu. Ce qui m’at-