Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/41

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madame ; je la voyois tête à tête après souper, ou quelque temps avant l’heure de l’assemblée, qui se tenoit alternativement chez quelques-unes. Ce que nous faisions dans la société de l’état major et des capitaines, les subalternes le pratiquoient de leur côté. En trois jours un régiment est établi, peut-être mieux qu’au bout d’un an ; car dans les commencemens il ne peut y avoir de tracasseries, et l’on n’a point de mauvais procédés à se reprocher.

J’étois avec madame de Grancourt dans un commerce réglé, lorsque, par un caprice dont je n’ai jamais bien sçu le motif, elle me dit un soir que je ne pouvois pas rester chez elle après l’assemblée qui s’y tenoit ce jour-là ; qu’elle me prioit de sortir avec la compagnie ; et que sur le minuit je n’avois qu’à me rendre sous le balcon de sa fenêtre ; que j’y trouverois une échelle de corde par le moyen de laquelle je passerois dans son appartement. Tant de précautions me paroissoient assez superflues dans les termes où nous en étions ; cependant je ne fis pas de difficultés, je sortis comme les autres, et je me rendis sous la fenêtre à l’heure marquée. J’y trouvai cette mystérieuse échelle, j’y montai, et j’étois près de passer par-dessus le balcon dans l’appartement, lorsque la patrouille vint à passer. L’officier qui la conduisoit m’aperçut, il m’or-