Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/70

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tion. Il est vrai qu’on y distingue deux classes : l’ancienne qui a des illustrations, et qui tient aux premières maisons du royaume, et celle de nouvelle date, qui a le plus de morgue et d’arrogance.

La robe se regarde avec raison au-dessus de la finance, qui l’emporte par l’opulence et le brillant, et qui devient à son tour la source de la seconde classe de robe. Le peuple a pour les magistrats une sorte de respect dont le principe n’est pas bien éclairci dans sa tête ; il les regarde comme ses protecteurs, quoiqu’ils ne soient que ses juges.

La plupart des gens de robe sont réduits à vivre entr’eux, et leur commerce entretient leur orgueil. Ils ne cessent de déclamer contre les gens de la cour qu’ils affectent de mépriser, quoiqu’ils vous étourdissent sans cesse du nom de ceux à qui ils ont l’honneur d’appartenir. Il ne meurt pas un homme titré, que la moitié de la robe n’en porte le deuil : c’est un devoir qu’elle remplit au centième degré ; mais il est rare qu’un magistrat porte celui de son cousin l’avocat. Les sollicitations ne les flattent pas tous également ; les sots y sont extrêmement sensibles, les meilleurs juges et les plus sensés s’en trouvent importunés, et, pour l’ordinaire, elles sont assez inutiles. En général, la robe s’estime trop, et l’on ne l’estime pas assez.