Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/99

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goût que je me sentois pour madame de Limeuil, j’entendis parler dans plusieurs maisons de l’esprit, des agrémens, et sur-tout du mérite de madame de Tonins. On citoit sa maison comme la société des gens les plus aimables de Paris : c’étoit une faveur que d’y être admis. Non-seulement les hommes de la meilleure compagnie lui faisoient une cour assidue ; on voyoit même les femmes les plus respectables s’empresser à devenir ses complaisantes. On m’offrit de m’y présenter, et je l’acceptai. Madame de Tonins me reçut poliment. Je la trouvai au milieu d’un cercle de quelques beaux esprits et de gens du monde, donnant le ton et se faisant écouter avec attention. Je trouvai réellement beaucoup de ce qu’on appelle esprit dans le monde à madame de Tonins et à quelques-uns de sa petite cour, c’est-à-dire, beaucoup de facilité à s’exprimer, du brillant et de la légèreté ; mais il me parut qu’ils abusoient de ce dernier talent. La conversation que j’avois interrompue, étoit une espèce de dissertation métaphysique. Pour égayer la matière, madame de Tonins et ses favoris avoient soin de répandre dans leurs discours savans un grand nombre de traits, d’épigrammes, et malheureusement des pointes assez triviales. Ce bizarre mélange m’étonna. J’étois mécontent de moi-même de ne pouvoir m’en