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Jusqu’au bout, dans sa grande masse, la noblesse conservera toujours la trace de la descendance d’une classe d’hommes étrangers à toute idée de profit, à tout travail productif. Dans un certain sens, l’idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la chevalerie. Mais l’homme libre dans l’Antiquité, consacre le loisir, qu’il doit au travail de ses esclaves, à la chose publique ; le chevalier du Moyen Age profite de celui que lui donne sa terre, pour s’adonner à la profession militaire et au service de son seigneur. Il faudra que des siècles se passent et que la noblesse soit peu à peu repoussée du rang qu’elle occupait jadis, pour que l’expression de « vivre noblement » finisse par devenir synonyme de « vivre sans rien faire ».