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échouait piteusement. Il fallut se résigner en 1388 à accepter une trêve, renouvelée pour vingt ans en 1396. Ces revers accrurent le mécontentement de la nation contre le gouvernement du roi. Richard, à peine sorti de tutelle, avait voulu secouer l’autorité croissante prise par le Parlement durant le règne d’Édouard III. Il n’avait aboutit en 1384 qu’à l’humiliation de voir ses conseillers condamnés à mort. Son oncle Thomas de Glocester avait dirigé la résistance. Le roi s’unit contre lui à son autre oncle, Jean de Lancaster et parvient à faire accuser Glocester de haute trahison ; il réussit d’autre part à obtenir du Parlement un impôt permanent dont il s’empresse de profiter pour s’abstenir désormais de convoquer la redoutable assemblée. Ce nouvel essai, après les tentatives manquées de Henri III et d’Édouard II, de restaurer en Angleterre le pouvoir personnel de la couronne, ne devait pas avoir meilleur succès. Comment le roi eût-il pu venir à bout du Parlement, organe de la triple force de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie ? Il semble avoir vaguement songé à s’appuyer sur les Lollards et sur les masses populaires encore frémissantes de leur révolte. Pourtant lorsque Henri de Lancaster, après la mort de son père, eut appelé contre lui la noblesse aux armes, personne ne se leva pour le défendre. En 1399, le Parlement, usant pour la seconde fois du droit qu’il s’était arrogé sous Édouard II, le priva de la couronne et la donna, quoiqu’il n’en fût pas le plus proche héritier, à Henri de Lancaster (1399-1413).

Le nouveau roi se trouvait dans la situation qui devait être en 1689 celle de Guillaume d’Orange succédant à Jacques II. Le Parlement auquel il devait le trône attendait des garanties qu’il s’empressa de lui donner. Pour se concilier les lords spirituels, il rompit nettement avec les Lollards, introduisit l’inquisition en Angleterre et défendit de traduire la Bible en langue vulgaire.

Des guerres avec l’Écosse et avec le pays de Galles révolté l’empêchèrent de satisfaire les aspirations belliqueuses de la noblesse et de rompre la trêve conclue avec la France. Il devait être donné à son fils Henri V de rouvrir cette lutte stérile et d’y remporter de nouvelles victoires aussi éclatantes et aussi éphémères dans leurs résultats que l’avaient été celles de Crécy et de Poitiers.

Pendant que Richard II, Henri IV et Henri V se succédaient sur le trône d’Angleterre, la longue régence à laquelle le jeune âge puis, bientôt après, la folie de Charles VI (1380-1422) condamnèrent la France durant son règne, rouvrait pour ce pays l’ère des agita-