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PLAN D’UNE HISTOIRE DE LA VILLE DE RENNES


L’Idée que nous nous étions formée d’abord d’une Hiſtoire de Rennes, eſt bien au-deſſous de ce que nous avons executé depuis ; nous nous bornions alors à ce que nos Hiſtoriens de Bretagne en rapportent ; & à s’en tenir à ce qu’ils en diſent, nous n’euſſions fait qu’une Hiſtoire ſuperficielle de cette grande Ville Capitale de la Province ; les commencemens de nos travaux furent lents, parce que le peu que nous avions à dire ne nous animoit que foiblement ; mais en ayant eû depuis quelque temps la communication de pluſieurs Archives, Titres & Memoires, tous ces ſecours nous ont agréablement encouragez ; la facilité d’ailleurs que nous nous ſommes acquis de déchiffrer les anciennes écritures, nous a procuré des découvertes qui enrichiront nôtre Histoire. Des Perſonnes diſtinguées par leur rang, leur naiſſance, & par la noble inclination qu’elles ont pour les Belles Lettres, nous ont rendus moins timides ; nous avons profité de leurs lumieres, & ſuivi les judicieux avis qu’elles ont eû la complaiſance de nous donner, pour le choix, l’ordre & l’arrangement des matieres qui doivent trouver place dans cette Hiſtoire ; elle ne nous auroit offert que peu d’évenemens, ſi nous n’euſſions pas fait entrer dans nôtre Plan un grand nombre de ſujets qui ne paroîtront pas étrangers ni hors d’œuure.

La vaine ambition de nous faire un nom & de nous rendre Auteur, ne nous a certainement point aſſez flaté pour nous livrer à un travail ingrat, quand on n’a que de pareilles vûës, & qui néanmoins coûte infiniment à un homme qui agit ſeul. Nous ſommes privez du ſecours qu’un homme de Communauté peut tirer de ſes Confreres, dont les uns compilent quantité de faits, les autres font des extraits & des copies, & preſque tous concourent à l’aider & à partager ſon travail ; en ſorte qu’il n’a plus qu’à rediger & à mettre à place les materiaux qu’on s’empreſſe de lui fournir.

On auroit peine à dire comment on s’eſt engagé dans une entrepriſe dont le travail eſt penible & le ſuccès incertain, par les raiſons que nous venons de toucher. Le goût qu’on s’eſt ſenti dans tous les temps pour ce genre de Litterature, un certain zéle qu’on a pour relever la gloire de ſa Patrie, en ont été les premiers motifs mais le principal qui nous y a déterminé, eſt de nous donner une occupation utile & même Chretienne ; car, quoique la plûpart des faits qu’on rapporte ſoient profanes, on en produira pluſieurs autres qui pourront édifier. Quand même on ſe ſeroit fixé à ne traiter que l’Hiſtoire Civile de Rennes, on n’eût rien fait en cela qui ne fût convenable à nôtre caractere ; preſque tous les Auteurs de l’Hiſtoire de France ſont gens d’Eglise ; le premier eſt St. Gregoire, Évêque de Tours ; de cinq Hiſtoriens de nôtre Bretagne, l’un fut Prêtre & nommé à l’Évêché de Rennes, & les deux autres étoient Religieux ; on nous pardonnera bien cette courte apologie, pour répondre à ceux qui ont trouvé à redire qu’un Prêtre eût écrit l’Histoire de ſa Patrie.

On a crû auſſi nous faire tomber la plume des mains, en nous ménaçant d’une critique ; on s’eſt toûjours bien attendu que cet Ouvrage n’échaperoit