Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/206

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dieux sages et bons, ainsi que des hommes meilleurs que ceux d’ici-bas j’aurais tort de n’être pas fâché de mourir. Mais il faut que vous sachiez que j’ai l’espoir de m’y réunir bientôt à [63c] des hommes vertueux, sans toutefois pouvoir l’affirmer entièrement ; mais pour y trouver des dieux amis de l’homme, c’est ce que je puis affirmer, s’il y a quelque chose en ce genre dont on puisse être sûr. Voilà pourquoi je ne m’afflige pas tant ; au contraire j’espère dans une destinée réservée aux hommes après leur mort, et qui, selon la foi antique du genre humain, doit être meilleure pour les bons que pour les méchans. — Quoi donc ! Socrate, dit Simmias, veux-tu nous quitter, en gardant pour toi les motifs de tes espérances sans nous en faire part ? [63d] Il me semble que c’est un bien qui nous est commun, et, si tu nous transmets ta conviction, voilà ton apologie faite. — C’est ce que je vais entreprendre, reprit Socrate : mais d’abord sachons de Criton ce qu’il paraît vouloir nous dire depuis assez long-temps.

Que pourrait-ce être autre chose, lui dit Criton, sinon que celui qui doit te donner le poison ne cesse de me répéter depuis long-temps que tu dois parler le moins possible, car il prétend que ceux qui parlent trop, s’échauffent, et que rien n’est plus contraire à l’effet [63e] du poison,