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PHILÈBE.


fond en un les objets les plus contraires. Or, j’appréhende que nous ne découvrions des plaisirs contraires à d’autres plaisirs.

PROTARQUE.

Peut-être y en a-t-il. Mais quel tort cela fait-il à l’opinion que je défends ?

SOCRATE.

C’est que ces plaisirs étant dissemblables, tu les appelles, disons-nous, d’un nom qui ne leur convient pas. Car tu dis que toutes les choses agréables sont bonnes ; et personne à la vérité ne te soutiendra que ce qui est agréable n’est point agréable : mais la plupart des plaisirs étant mauvais, et quelques-uns bons, comme nous le prétendons, tu leur donnes néanmoins à tous le nom de bons, quoique tu reconnaisses qu’ils sont dissemblables, si l’on te force à cet aveu dans la discussion. Quelle qualité commune vois-tu donc également dans les plaisirs bons et mauvais qui t’engage à les comprendre tous sous le nom de bien ?

PROTARQUE.

Comment dis-tu, Socrate ? Crois-tu qu’après avoir mis en principe que le plaisir est le bien, on t’accorde et on te laisse passer qu’il y a de certains plaisirs qui sont bons, et d’autres qui sont mauvais ?