Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/105

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HERMOGÈNE.

En vérité, Socrate, les noms deviennent bien bizarres entre tes mains. Avec ton βουλαπτεροῦν, j’ai cru t’entende imiter des lèvres le prélude de l’hymne à Minerve[1].

SOCRATE.

Mais ce n’est pas à moi qu’il faut t’en prendre, Hermogène, c’est à ceux qui ont fait ce mot.

HERMOGÈNE.

Il est vrai ; maintenant que faut-il penser de ζημιῶδες, funeste ?

SOCRATE.

Ζημιῶδες, dis-tu ? Remarque, Hermogène, combien j’ai raison d’observer que par l’addition ou le retranchement de quelques lettres, on change: considérablement le sens des mots. Une légère altération peut leur faire dire tout le contraire de ce qu’ils voulaient dire d’abord, témoin ; le mot δέον, convenable. Une observation qui s’est présentée à moi, à l’occasion de ce mot, et qui me revient en ce moment, c’est que notre belle: langue d’aujourd’hui a, fait exprimer ; aux deux mots δέον et ζημιῶδες tout le contraire de ce qu’ils veulent dire, tandis que nous en retrouvons dans l’ancienne langue la véritable signification.

  1. C'était un chant que l'on croit avoir été composé à l'imitation des sifflements des serpents qui couvraient la tête de la Gorgone expirante.