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DE LA VERTU.

L’ami. Oui.

Socr. Et comment les nomme-t-on ?

L’ami. Des argyronomes.

Socr. Les maîtres d’exercices savent aussi distinguer la nature des corps humains, jeunes ou vieux : ils nous disent à quels exercices ils sont propres, et découvrent ceux qui promettent une heureuse perfection dans tous les exercices.

L’ami. Oui.

Socr. Qu’y a-t-il de plus précieux pour les États, de bons chevaux, de bons chiens et autres choses semblables ou des hommes de bien ?

L’ami. Des hommes de bien.

Socr. Eh bien ! ne crois-tu pas, s’il y avait des natures humaines plus propres les unes que les autres à la vertu, que les hommes auraient tout fait pour trouver l’art de les distinguer ?

L’ami. Cela est probable.

Socr. Et connais-tu un art qui soit capable de distinguer et de juger les bonnes natures humaines ?

L’ami. Non.

Socr. Et cependant cet art et ceux qui le posséderaient seraient d’une grande utilité. Grâce à eux, on connaîtrait les jeunes gens qui promettent d’être des hommes vertueux ; l’État les garderait dans l’acropole comme le trésor public, et même avec plus de soin encore, afin qu’à l’abri des dangers de la guerre et de tous autres périls, ils grandissent pour être un jour dans l’âge mûr les sauveurs et les bienfaiteurs de la république. Mais il paraît que la vertu n’est ni un don de la nature ni un fruit de l’instruction.

L’ami. Mais si ce n’est ni la nature ni l’éducation qui font les hommes vertueux, comment le deviennent-ils ?

Socr. Je crois que c’est difficile à expliquer. Je pré-