Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/126

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SOCRATE.

Pour moi, les idées que je me fais sur les mois primitifs me paraissent à moi-même téméraires et bizarres. Je te les dirai si tu veux. Si, de ton côté, tu as quelque chose de mieux à proposer, tu voudras bien m’en foire part.

HERMOGÈNE.

Volontiers. Explique-toi toujours hardiment.

SOCRATE.

D’abord il me semble voir dans la lettre ρ l’instrument propre à l’expression de toute espèce de mouvement. Mais à propos du mouvement, κίνησις, nous n’avons pas dit d’où vient ce mot. Il est clair que ce doit être de ἴεσις, élan  : car autrefois au lieu de l’η, on se servait de l’ε Quant au κ qui commence le mot, il vient de κίειν, verbe étranger qui signifie aller, ἰέναι. Ainsi, si l’on savait le mot ancien, ce mot transporté exactement dans notre langue donnerait ἴεσις ; aujourd’hui on dit κίνησις, à cause du verbe étranger κίειν, du changement de l’ε en η, et de l’insertion du ν ; mais il faudrait dire, à la rigueur, κίεσις. Le mot στάσις, repos, exprime la négation du mouvement, et n’est ainsi prononcé que pour l’élégance[1]. Mais,

  1. Socrate dérive sans doute ατάσις de ἀίεσις, en ajoutant στ, et en retranchant l'ι et l'ε.