Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/16

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SOCRATE.

Chaque chose aura-t-elle donc autant de noms que chacun lui en donnera, et seulement dans le temps qu’on les lui donnera ?

HERMOGÈNE.

En effet, Socrate, il n’y a pas pour moi d’autre propriété dans les noms, sinon que je puis appeler une chose de tel nom que je lui donne à mon gré, et que tu l’appelleras si tu veux de tel autre, que tu lui donneras de ton côté. Ainsi je rencontre, dans des villes différentes, différents noms pour désigner un seul et même objet, et cela chez les Grecs entre eux et entre les Grecs et les Barbares.

SOCRATE.

Voyons, Hermogène : penses-tu aussi que les êtres n’aient qu’une existence relative à l’individu qui les considère, suivant la proposition de Protagoras[1], que l’homme est la mesure de toutes choses ; de sorte que les objets ne soient pour toi et pour moi que ce qu’ils nous paraissent à chacun de nous individuellement ; ou bien te semble-t-il qu’ils aient en eux-mêmes une certaine réalité fixe et permanente ?

HERMOGÈNE.

Je l’avoue, Socrate, j’en suis venu autrefois,

  1. Voyez le Théétète, t. II, p. 63.