Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/163

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SOCRATE.

Or comment une chose pourrait-elle être qui ne fut jamais de la même matière ? Car si il y a un moment où elle demeure semblable à elle-même, il est clair que dans ce moment-là elle ne passe point. Mais si d’autre part elle subsiste toujours la même et de la même manière, comment, ne sortant en rien de son essence, pourrait-elle changer et se mouvoir ?

CRATYLE.

Cela ne serait pas possible.

SOCRATE.

En outre, une pareille chose ne pourrait être connue par personne. Car, tandis qu’on approcherait pour la connaître, elle deviendrait autre ; de sorte qu’il serait impossible de savoir ce qu’elle est et comment elle est. Il ne saurait y avoir de connaissance d’un objet qui n’a pas de manière d’être déterminée.

CRATYLE.

Cela est vrai.

SOCRATE.

On ne peut pas même dire qu’il puisse y avoir une connaissance quelconque, si tout change sans cesse et que rien ne subsiste, Car si cette chose même que nous nommons la connaissance ne cesse pas d’être la connaissance, la connaissance subsiste, et il y a connaissance. Mais si la forme