Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/386

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néral de toutes choses. Il n’était plus possible qu’aucun animal naquît de la terre par l’agglomération de substances étrangères ; mais de même qu’il avait été prescrit au monde d’être lui-même le modérateur de son cours, par un ordre semblable, il fut ordonné à ses parties de se reproduire, de s’enfanter et de se nourrir à elles seules, autant qu’il serait possible. Mais nous voici enfin au point pour lequel nous nous sommes engagés dans tout ce discours : car de discuter, pour tous les autres animaux, de quel état et par quelles causes chacun a passé à un état nouveau, cela demanderait beaucoup de temps et de paroles ; mais ce qui concerne les hommes est plus court et tient de plus près à notre sujet. Délaissés du Dieu qui était leur maître et leur pasteur, au milieu de tant d’animaux qui, de sauvages étaient devenus féroces, les hommes, faibles et sans défense, étaient déchirés par eux. Et dans ces premiers temps, ils n’avaient ni industrie ni art, leurs aliments étant venus à cesser tout à coup de naître d’eux-mêmes, sans que la nécessité les eût jamais contraints d’apprendre à se les procurer. Tout cela les mettait dans une grande détresse. C’est pourquoi ces présents, dont parlent les anciennes traditions, nous furent apportés par les dieux, avec l’instruction et les enseignements nécessai-