Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/439

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la plus difficile, ou peu s’en faut, de toutes les sciences et la plus importante à acquérir. C’est sur cette science que doit porter toute notre attention, afin de voir quels hommes nous devons distinguer du roi sage parmi ceux qui prétendent être des politiques et qui le persuadent à beaucoup d’autres, sans que pourtant il en soit rien.

LE J. SOCRATE.

Oui, voilà ce qu’il nous faut faire, comme nous l’avons décidé d’abord.

L'ÉTRANGER.

Te semble-t-il que dans un État la multitude soit capable d’acquérir cette science ?

LE J. SOCRATE.

Et comment le pourrait-elle ?

L'ÉTRANGER.

Mais, dans une ville de mille hommes, est-il possible que cent d’entre eux, ou même cinquante, l’acquièrent suffisamment ?

LE J. SOCRATE.

Ce serait alors le plus facile de tous les arts. Nous savons que sur mille hommes il ne se trouverait jamais autant de joueurs d’échecs capables de se distinguer parmi ceux du reste de la Grèce ; tant s’en faut qu’il se trouvât autant de rois. Car, comme il a été dit précédemment, il faut nommer Roi celui qui possède la science royale, qu’il règne d’ailleurs ou non.