Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/577

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
PARMÉNIDE.

être en rien. — Nous le soutenons. — Il n’est donc jamais dans le même lieu. — Comment ? — Parce qu’alors il demeurerait dans un lieu. — D’accord. — Or, il ne peut être, comme nous avons vu, ni dans lui-même ni dans rien autre. — Oui. — L’un n’est donc jamais au même lieu. — Il semble. [139b] — Mais, ce qui n’est jamais dans le même lieu n’est point en repos ni ne s’arrête. — Non. — Donc, l’un n’est ni en repos ni en mouvement. — Cela est manifeste. — Il n’est donc pas non plus identique ni à un autre ni à lui-même, et il n’est pas autre non plus ni que lui-même ni qu’aucun autre. — Comment cela ? — S’il était autre que lui-même, il serait autre que l’un et ne serait pas un. — C’est vrai. — Et s’il était le même qu’un autre, il serait cet autre [139c] et ne serait plus lui-même ; en sorte que, dans ce cas aussi, il ne serait plus ce qu’il est, à savoir l’un, mais autre que l’un. — Sans doute. — Donc il ne peut être le même qu’un autre, ni autre que lui-même. — Tu as raison. — Mais il ne sera pas autre qu’un autre tant qu’il sera un ; car ce n’est pas l’un qui peut être autre que quoi que ce soit, mais bien l’autre seulement et rien autre chose. — Bien. — Ainsi, il ne peut pas être autre, en tant qu’il est un ; n’est-ce pas ton avis ? — Oui. — Or, s’il n’est pas autre par là, il ne l’est pas par lui-même ; et s’il ne l’est pas par lui-