Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/58

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HERMOGÈNE.

Fort bien, je trouve cette explication plus savante que l’autre.

SOCRATE.

Il est vrai ; et pourtant ce mot paraît fort bizarre, prononcé comme il a été formé.

HERMOGÈNE.

Eh bien, que dirons-vous du mot qui doit suivre ?

SOCRATE.

Du mot corps, σῶμα ?

HERMOGÈNE.

Oui.

SOCRATE.

Pour peu qu’on touche à sa forme actuelle, je vois à ce mot plus d’une origine. Quelques-uns appellent le corps le tombeau, σῆμα, de l’âme où elle serait présentement ensevelie[1] ; en outre, c’est par le corps que l’âme signifie tout ce qu’elle veut signifier ; et, à ce titre, le nom de σῆμα, qui veut aussi dire signe, est encore parfaitement convenable. Mais je crois que les disciples d’Orphée considèrent le nom de σῶμα comme relatif à la peine que l’âme subit durant son séjour dans le corps en expiation de ses fautes. Ainsi cette enceinte corporelle serait comme la prison où elle est gardée, σώζεται. Le corps est donc, comme son nom le porte, sans qu’il

  1. Voyez le Gorgias, trad. franc., t. III, p. 316.