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PARMÉNIDE.

nous le considérons seul en lui-même, séparément de ce dont il participe, nous apparaîtra-t-il comme simplement un, ou comme multiple ? — Comme un, à ce qu’il me semble. [143b] — Voyons. Il faut bien que son être et lui soient deux choses différentes, si l’un n’est pas l’être, mais seulement participe à l’être en tant qu’il est un. — Il le faut. — Or, si autre chose est l’être, autre chose l’un, ce n’est pas par son unité que l’un est autre que l’être, ni par son être que l’être est autre que l’un : c’est par l’autre et le différent qu’ils sont autres. — Oui. — De sorte que l’autre n’est pas la même chose que l’un ni que l’être. — Évidemment. [143c] — Mais quoi ! si nous prenons ensemble, soit l’être et l’autre, soit l’être et l’un, soit l’un et l’autre, comme tu l’aimeras le mieux, n’aurons-nous pas pris à chaque fois un assemblage que nous serons en droit de désigner par cette expression, tous deux ? — Comment ? — Le voici. Ne peut-on pas nommer l’être ? — Oui. — Et nommer l’un ? — Aussi. — Ne les nomme-t-on donc pas l’un et l’autre ? — Oui. — Mais lorsque je dis : l’être et l’un, ne les ai-je pas nommés tous deux ? — Sans doute. — Et lorsque je dis l’être et l’autre, ou l’être et l’un, ne puis-je pas également dire chaque fois tous deux ? — Oui. [143d] — Et ce dont on est en droit de dire tous deux, cela peut-il faire tous deux sans faire deux ?