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PARMÉNIDE.

s’il participe de l’être. — Sans doute. — Donc il participe du temps qui passe. — Oui. — Il devient donc toujours plus vieux que lui-même, s’il marche avec le temps. — Nécessairement. — Or, n’avons-nous pas dit que ce qui devient plus vieux, devient plus vieux par rapport à un plus jeune ? — Oui. — Donc, puisque l’un devient plus vieux que lui-même, il le devient par rapport à lui-même [152b] qui devient plus jeune. — Nécessairement. — De cette manière il devient et plus jeune et plus vieux que lui-même. — Oui. — N’est-il pas plus vieux lorsqu’il est arrivé au temps présent, intermédiaire entre avoir été et devoir être ? Car, en allant du passé à l’avenir, il ne pourrait sauter par-dessus le présent. — Non, sans doute. — Ne cesse-t-il pas de devenir plus vieux au moment [152c] où il touche au présent, et n’est-il pas vrai qu’il ne devient plus alors, mais qu’il est plus vieux ? Car s’il avançait toujours, il ne serait jamais renfermé dans le présent. Il est dans la nature de ce qui avance, de toucher à la fois à deux choses, au présent et à l’avenir, abandonnant le présent pour poursuivre l’avenir, et venant toujours au milieu entre le présent et l’avenir. — C’est vrai. — Et, si ce qui devient ne peut jamais sauter par-dessus le présent, [152d] il cesse de devenir, dès qu’il est dans le présent, et il est alors ce qu’il devenait. —