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PARMÉNIDE.

choses, si l’un n’est pas. — Disons-le. — D’abord, il faut que les autres choses soient de quelque manière ; car s’il n’y avait pas d’autres choses, on ne pourrait pas parler d’autres choses. — En effet. — Et quand on parle des autres choses, on entend par-là les choses qui sont différentes, ou bien les mots autre et différent [164c] ne signifient-ils pas la même chose ? — La même chose. — Ne disons-nous pas que ce qui est différent est différent de quelque chose de différent, et ce qui est autre autre que quelque chose d’autre ? — Oui. — Si donc les autres choses sont autres, il y a quelque chose relativement à quoi elles sont autres. — Nécessairement. — Que sera-ce donc ? car elles ne sont pas autres par rapport à l’un, si l’un n’est pas. — Non. — Elles sont donc autres les unes que les autres ; car il ne leur reste que cela, à moins de n’être autres que rien. — C’est juste. — C’est donc par la pluralité qu’elles sont autres les unes que les autres, car ce ne peut être par l’un, si l’un n’est pas. [164d] Apparemment la masse de chacune renferme une pluralité infinie, et lorsqu’on croit avoir pris la chose du monde la plus petite, on verra tout à coup, comme dans un rêve, au lieu de l’unité qu’on croyait tenir, une multitude, au lieu d’une petite chose, une chose immense, eu égard aux divisions dont elle est susceptible. —