Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/662

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
TIMÉE.

implore l’assistance divine, avant de commencer une entreprise quelle qu’elle soit, grande ou petite. À plus forte raison, nous qui avons entrepris d’expliquer l’univers, quelle est son origine, ou s’il n’en a point ; à moins de vouloir nous égarer, nous devons prier les dieux et les déesses de mettre dans notre bouche des choses qui leur soient agréables à eux avant tout et ensuite [27d] à vous. Implorons encore l’aide des dieux, pour que vous compreniez aisément ce que j’ai à vous dire, et que moi-même je vous explique clairement ma pensée.

Selon moi, il faut commencer par déterminer les deux choses suivantes : Qu’est-ce que ce qui existe de tout temps sans avoir pris naissance, et qu’est-ce que ce qui naît et renaît [28a] sans cesse sans exister jamais ? L’un, qui est toujours le même, est compris par la pensée et produit une connaissance raisonnable ; l’autre, qui naît et périt sans exister jamais réellement, tombe sous la prise des sens et non de l’intelligence, et ne produit qu’une opinion. Or, tout ce qui naît, procède nécessairement d’une cause ; car rien de ce qui est né ne peut être né sans cause. L’artiste, qui, l’œil toujours fixé sur l’être immuable et se servant d’un pareil modèle, en reproduit l’idée et la vertu, ne peut manquer d’enfanter [28b] un tout d’une beauté achevée, tandis que