Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/733

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
TIMÉE.

et des brûlures et beaucoup d’autres impressions qui ne lui causent pas de la douleur parce qu’elles sont instantanées, ni de plaisir [64e] lorsqu’elle revient à son premier état. Pour avoir les sensations les plus vives et les plus caractérisées, il suffit qu’il y ait impression faite sur la vue, et que la vue rencontre et perçoive son objet ; car, quant à la violence, il n’y en a point dans le seul fait de l’épanouissement et de la contraction de la vue[1]. Mais les parties composées de plus grands éléments, quoique cédant à peine à l’impulsion qu’elles reçoivent, la communiquent à tout le corps, et produisent de la peine et du plaisir ; [65a] de la peine, quand elles sont enlevées à leur état habituel, du plaisir, quand elles y retournent. Toutes les fois que l’altération est légère et que le rétablissement est plein et entier, que l’une est insensible et l’autre sensible, non seulement il n’y a pas de douleur pour la partie

  1. Les conditions de la sensation et de la douleur sont très différentes : pour la sensation, il suffit de la rencontre de l’organe et de l’objet ; quand cette rencontre existe, la sensation peut être extrêmement vive, sans que pour cela il y ait douleur. Pour la douleur, il faut de plus qu’il y ait violence faite à l’organe. Voilà pourquoi les sensations les plus vives de la vue, quand elles sont tellement instantanées qu’elles ne font pas violence à l’organe, n’entraînent pas nécessairement la douleur.