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TIMÉE.

cile et si impérieuse : semblables à un animal qui n’obéit pas à la raison, elles ne respectent rien dans l’emportement de leur passion. [91c] Il en est de même de tous points pour la matrice et la vulve des femmes : c’est un animal qui désire ardemment engendrer des enfants ; lorsqu’il reste longtemps stérile après l’époque de la puberté, il a peine à le supporter, il s’indigne, il parcourt tout le corps, obstruant les issues de l’air, arrêtant la respiration, jetant le corps dans des dangers extrêmes, et occasionnant diverses maladies, jusqu’à ce que le désir et [91d] l’amour, réunissant l’homme et la femme, fassent naître un fruit et le cueillent comme sur un arbre ; sèment dans la matrice comme dans un champ des animaux invisibles par leur petitesse et encore informes[1], puis les nourrissent après la séparation, les développent en dedans, et, les mettant ensuite au jour, achèvent l’acte de la génération des animaux. C’est ainsi qu’ont été faites les femmes et toutes les femelles. La famille des oiseaux, qui a des plumes au lieu de cheveux, est formée de ces hommes innocents,

  1. Le système du germe, comme renfermant déjà l’animal entier, était répandu dans l’antiquité. Voyez, par exemple, Sénèque, Quœst. natur., III, 29. In semine omnis futuri hominis ratio comprehensa est ; saint Augustin, De civitat. Dei, XXII, 14. Ipsa jam membra omnia sunt latenter in semine.